Bling ? Bling !
Par Antoine de Chloé [contact]
En cette soirée de septembre, l'ambiance est chaude dans ce célèbre bar à hôtesses reconverti en club people. Après s'être déhanchée extatiquement sur de la lounge, Sandra s'approche lascivement du bar. Le barman lui tend une Margarita, qu'elle se met alors à siroter sans même sortir son porte-monnaie. Cette habituée du lieu n'est pourtant pas la meilleure amie du patron : elle a bel et bien payé son verre...
Mystère de la parapsychologie ? Non : miracle de Bling, le dernier gadget qui fait fureur dans les discothèques branchées de la capitale. Bling est une petite puce insérée sous la peau, qui permet aux clubbeurs de payer leurs consommations à distance. L'avantage a beau être simple, il n'en est pas moins révolutionnaire : plus besoin de s'encombrer de billets inutiles et de perdre un temps précieux à régler ses cocktails.
Le milieu de la hype parisienne ne s'y est d'ailleurs pas trompé : la puce s'y répand comme une traînée de poudre. "Je me suis fait implanter la mienne hier chez Toni&Guy !" confie Sandra. Alors comment fonctionne ce moyen de paiement révolutionnaire ?
>>>COMME UNE AMERICAN EXPRESS
"C'est simple comme bonjour", explique Peter Pouchard, Directeur commercial adjoint de Cortex SARL - la branche française qui commercialise ce petit bijou de technologie. "Bling marche comme une Amex : sensible dans un rayon de 2,5 mètres autour du bar, la puce débite directement le compte en banque du client à chaque fois qu'il commande un verre."
En cas de refus de paiement ou de découvert, une demande de crédit est automatiquement transmise à Sofinco, qui met à disposition jusqu'à 3 000 euros pour que le clubbeur continue à passer une bonne soirée.
Pour les professionnels, le résultat ne s'est pas fait attendre : + 60 % de chiffre d'affaires dans les clubs équipés de terminaux Bling. "À l'heure où les pouvoirs publics ont lancé une chasse aux sorcières contre le milieu de la nuit, Bling représente une opportunité de développement sans précédent pour le secteur", se félicite Antoine Macumba, Président du puissant SNDLL, le Syndicat national des Discothèques et Lieux de Loisirs. "Pour nous, c'est littéralement la puce aux œufs d'or !"
>>>POLITIQUE DE R&D AMBITIEUSE
Avec un quadruplement de leurs ventes en quelques mois, les heureux promoteurs de Bling pourraient se contenter de leur succès. Mais ils voient plus loin. "Cortex Worldwide investit 17 % de son chiffre d'affaires en recherche et développement", annonce Peter Pouchard. "C'est grâce à cette politique ambitieuse que nous sommes sur le point de lancer GH-Bling", une variante de Bling qui détecte la présence de GHB dans le sang du porteur et prévient automatiquement un central de police. "Les violeurs ont du souci à se faire."
Et la technologie ne s'arrête pas là. Cortex vient de signer un partenariat avec le géant de la vente en ligne Amazon, pour développer son propre système de suggestion intuitive : Bling sera bientôt capable d'analyser le comportement d'achat du porteur et de lui proposer des cocktails adaptés à ses envies. Pour le moment, les tests se révèlent concluants : 76 % des buveurs de Maï-Taï et 63 % des amateurs de jus d'ananas seraient ainsi devenus des consommateurs réguliers de Daïquiri.
>>>REVOLUTION DU CLUBBING
Derrière son apparence de gadget, Bling est en fait sur le point d'entraîner une véritable révolution du clubbing. Pour preuve, la création, le 22 juillet dernier, de Bimb'alliance, un groupement d'intérêt économique qui s'appuie sur Bling pour mettre en place la seule carte de fidélité valable dans les 130 discothèques les plus branchées de Province. "À Saint-Tropez, une de mes amies a pu transformer toutes ses Piña Coladas en un abonnement à Casting Magazine", affirme Sandra.
Pour le moment, rien ne semble donc pouvoir arrêter l'ascension irrésistible de Bling : l'implant magique est en train de devenir l'un des accessoires indispensables du clubbeur. Et si quelques âmes mal intentionnées ont déjà saisi la CNIL, il en faudra bien plus pour décourager Peter Pouchard : "Avec Bling, nous tentons de rendre le clubbing plus humain. Et tant pis si ça dérange."
