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Le laboratoire de tendance

 

 


Par Olivier Malagier [contact]
 
Les biologistes au service des rédactrices en chef de magazine : un canular ? Non, il s'agit même d'une très sérieuse étude publiée cet été dans un ouvrage collectif intitulé Biochimie de la mode (Presses universitaires de Cannes).
À partir d'une étude menée pendant près de 20 ans sur plus de 14 000 personnes recrutées dans des salles de sport de banlieues pavillonnaires, l'équipe du laboratoire Imelda-Marcos a mis notamment en évidence que l'efficacité des régimes alimentaires était liée à des phénomènes biochimiques obéissant à de véritables phénomènes de mode.

En d'autres termes, l'incroyable succès du "régime ananas" entre janvier 1985 et juillet 1989 n'était pas dû à l'inconstance des magazines féminins en recherche perpétuelle de nouveautés pour leurs lectrices, mais bien à de réelles transformations du métabolisme. La délipidiase, une enzyme identifiée comme étant responsable de la perte de poids en dégradant les cellules graisseuses et le glucose surnuméraire, était en effet à l'époque particulièrement stimulée par les sucres de l'ananas. Ce n'est plus le cas aujourd'hui. Que s'est-il passé ?

Stimulation de la délipidiase durant le régime Montignac(1992-1996)

En fait, tout tend à prouver que l'ananas s'est littéralement biochimiquement démodé, c'est-à-dire que ses effets nutritionnels se sont estompés sans raison physiologique. Les chercheurs on observé qu'à partir de la fin de l'année 1987, soit à l'apogée de cette diète miracle, chaque protéine composant la délipidiase transportait des molécules d'ananas. Puis quelques mois plus tard, l'ananas était de moins en moins assimilé par l'organisme, jusqu'à déserter complètement l'environnement protéiniques. Les rares protéines qui transportaient encore de l'ananas étaient assez isolées de leurs consœurs sans ananas, comme si on se "moquait" d'elles.

En outre, les enzymes qui persistaient à se parer des nutriments du fruit n'avaient plus accès à certaines zones prisées de l'organisme (pancréas, voies biliaires, segments antérieurs du foie) : elles étaient comme rejetées. Les études par électrolyse effectuées dans le cadre de travaux de psychiatrie moléculaire ont même mis en évidence le fait que les protéines avaient pu développer un phénomène assimilable à de la honte.

"Il faut se garder de tout anthropomorphisme concluent les chercheurs, mais il apparaît clairement que les mécanismes de dégradation des graisses observés au niveau moléculaire sont régis par la même loi que la mode : succès foudroyant, ringardisation progressive, inefficacité, mise à l'écart et pourquoi pas retour sous forme de vintage". En effet certaines protéines ont conservé précieusement du fructose d'ananas jusque dans les années 2000 pour les ressortir au cas où.

Il est alors tout à fait possible de prévoir quels seront les régimes qui fonctionneront dans l'avenir. Il suffit pour cela d'observer des protéines particulières baptisées PDF (pyruvate décarborxylase fashionistine) repérées par des marqueurs et qui se sont toujours comportées comme avant-garde biochimiques : elles transportaient l'ananas en 1985, le pamplemousse en 1988 et dissociait les aliments en 1995. Certaines d'entre elles nous montrent déjà la voie à suivre : à l'horizon 2008-2009, les chercheurs prévoient que le régime minéral fera fureur puisqu'une poignée de PDF semblent particulièrement stimulées par les minéraux aussi bien ceux couramment présents dans les aliments tels le zinc et le manganèse, mais - plus surprenant - par le schiste vert, le gypse ou le talc que l'on ne trouve pas dans son assiette. Alors, un conseil : préparez-vous rapidement à avaler des cailloux si vous projeter de perdre quelques kilos.