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Le village des damnés

 

 

Par notre correspondant permanent à L.A., Antoine de Chloé [contact]

On ne compte plus les pique-assiettes du show-business : des gagnants d'Une Famille en Or aux ex-staracadémyciens, en passant par Désiré Bastareaud et James Newton (la voix de Crazy Frog), nombreux sont ceux qui ne doivent leur misérable survie qu’à une appartenance fugace au star-system.

Les abus ne s’arrêtent évidemment pas là : des pans entiers de l’économie mondiale sont consacrés à l’exploitation de la vie des peoples. Le parasitage du star-system peut même parfois prendre des formes inattendues...

 

>>>UN PETIT VILLAGE TRANQUILLE

Ainsi, peu connaissent l’existence de Santa Jessica, petit village tranquille situé au sud-ouest de Los Angeles. Au premier abord, tout y semble normal : des rollermen bodybuildés côtoient des lolitas anorexiques aux abords des shopping-malls en stuc.

Mais en y regardant de plus près, impossible de passer à côté de l’étrange béatitude qui règne dans les rues. Tout se passe comme si Santa Jessica n’était qu’un disque géant de Demak’Up.

Dès que l’on tente de s’informer sur les raisons de ce bonheur, les habitants pointent candidement à la station d’épuration d’eau... In aqua veritas ?

Fondée en 1841 par des mimes mexicains, Santa Jessica est intégrée au comté de Los Angeles en 1961. Construite à cette époque, la station d’épuration est alors à la pointe de la technologie : grâce à un système de traitement en flux tendu, elle permet de recycler les eaux usées en provenance de certains quartiers de L.A. pour alimenter la ville en eau potable.

Seul hic, les quartiers desquels proviennent les eaux usées ne sont autres que Hollywood et Beverly Hills : deux districts où 92% de la population est traitée pour dépression (hors personnel domestique résidant*)...

Et si l’on savait déjà que la plupart des molécules contenues dans les antidépresseurs et les anxiolytiques se retrouvaient dans les urines, une étude américaine vient de prouver ce que les habitants de Santa Jessica avaient déjà compris depuis longtemps : ces molécules résistent également au traitement chimique d’épuration de l’eau.

« Ce phénomène est connu depuis de nombreuses années » affirme Hervé Bittoun, conducteur de travaux à la Sade. « En 1992, le maire de Saint-Tropez avait déjà dû exiger la destruction de la villa de Karen Cheryl. »

De fait, l’explosion de la consommation d’antidépresseurs chez les stars au cours des années 90 a transformé Santa Jessica en zone à haut risque. Et malgré les précautions prises par les autorités locales, personne n’est à l’abri du comportement erratique de certaines célébrités.

 

>>>INNOMBRABLES SOUFFRANCES LIEES A LA DEPENDANCE

Ici, tout le monde se souvient de la fois où, après avoir avalé trois tubes d’Euphytose, Jennifer Aniston s’était fait vomir dans les toilettes d’un restaurant de Rodeo Drive.

« J’avais déjà bu 4,5 litres d’eau dans la journée [trois fois plus que la limite recommandée par les autorités de Santa Jessica, ndlr] explique Mindy, ex-danseuse. Je me suis laissé convaincre par un dernier verre avec une amie. J’ai dû être hospitalisée d’urgence à la clinique Eve Valois de Malibu, spécialisée dans les overdoses de fluoxétine. » Depuis cet épisode traumatisant, Mindy a déménagé pour Minneapolis où elle traverse une grave dépression.

Car à Santa Jessica, réguler sa consommation d’eau potable n’est pas une mince affaire. « L’arrêt brutal d’un traitement médicamenteux de ce genre plonge généralement les patients dans des troubles psychologiques sévères » explique le Professeur Arnold Spelling, titulaire de la chaire de Psychiatrie des Stars à l’université d’Hollywood. « Beaucoup préfèrent donc endurer les innombrables souffrances liées à la dépendance, plutôt que d’affronter la réalité. »

 

>>> ELDORADO DE LA FLUOXETINE

Cette dépendance permet d’ailleurs aux autorités locales d’afficher sans complexe le taux d’impôts locaux le plus élevé des Etats-Unis (77% des revenus).

Une véritable manne que Brad Johnson, le maire démocrate de la ville, se défend d’exploiter : « En 2004, la population de Santa Jessica a crû de 142% ! Face à ce flux massif, nous devons construire les infrastructures nécessaires. »

Symbole de cette politique de grands travaux : le Kimberley Watson Center, destiné à la désintoxication des habitants. A ce jour, sur les soixante-trois personnes y ayant séjourné, sept ont définitivement adopté l’eau minérale en bouteille.

« La difficulté majeure de ce type de cure de désintoxication tient à la diversité des molécules absorbées » explique le Professeur Spelling.
« Comment traiter un patient accro à la fois au Deroxat, au Valium et à la vitamine C ? »

Sommés par les autorités fédérales de trouver une solution, les grands laboratoires planchent actuellement à l’élaboration de molécules permettant d’endiguer le phénomène. Selon le Beverly Hills Times, un prototype de Lilly permettant de réduire sa dépendance aux antidépresseurs (le Subuzac) serait déjà entré en phase de tests.

Si tout se passe bien, cette petite merveille pourrait être administrée en masse à l’ensemble de la Californie dès mars 2006. Le Syndicat des Acteurs d’Hollywood applaudit déjà.

 

* le personnel domestique résidant (jardiniers, femmes de ménage et professeurs de piano) n’est traité pour dépression qu’à hauteur de 63%.


>>> ARCHIVES #4
Une ambiance semblable à un disque géant de Demak'Up.